Le Liban a subi la pandémie de la Covid-19 en même temps que les répercussions de multiples crises d’ordre politique, social, économique et financier. La crise sanitaire de la Covid-19 est venue dès lors amplifier les conséquences des crises propres au pays.

En effet, un mouvement de contestation contre la classe dirigeante s’est organisé à partir du mois d’octobre 2019. L'État libanais, fortement endetté, est en situation de défaut de paiement sur sa dette en devises depuis mars 2020 et, en août 2020, une double explosion a frappé le port de Beyrouth. De plus, le conflit en Syrie a eu des répercussions néfastes sur l’économie libanaise du fait que les deux pays ont des liens socio-économiques très forts. Le Liban a également connu un afflux important de réfugiés syriens (comptant pour 25% de la population au Liban).

Les conditions économiques sont extrêmement difficiles : (i) le chômage, qui est déjà élevé, est en hausse continue depuis 2009 et touche fortement les jeunes, (ii) le PIB réel a chuté de 21% en 2020 (source : Banque Mondiale), (iii) la banque centrale a limité, à partir de mars 2020, la circulation de devises dans l’économie, et les banques ont imposé des restrictions sur les comptes en devises (limitation puis interdiction d’accès pour les épargnants à leurs dépôts), (iv) la monnaie nationale s’est fortement dépréciée au cours de ces deux dernières années, et a perdu plus de 90% de sa valeur, et (v) le Liban est dans une phase d’hyperinflation.

Au Liban, comme dans nombre de pays, la Covid-19 impacte plus violemment les pauvres et pourrait creuser les inégalités, mettant à l’épreuve la résilience de la population.

Par ailleurs, le Liban affichait des niveaux record d’inégalité de revenu bien avant la crise sanitaire. Ces niveaux d’inégalité sont semblables à ceux en Afrique du Sud ou encore au Brésil (Assouad, 2021). Le pays possède aussi l’une des plus fortes concentrations de milliardaires par habitant au monde et l’une des distributions de richesse les plus inégalitaires avec un indice de Gini de 0,83 (ESCWA 2020).

Ces crises multidimensionnelles avec des niveaux d’inégalité initialement très élevés nous ont amené à s’intéresser au cas libanais, pour mesurer l’impact de la crise sanitaire sur les inégalités.

L'objectif du projet CIM-Lib est d'évaluer, à travers une approche pluridisciplinaire mobilisant des outils de l'analyse quantitative et qualitative, l'impact de la pandémie sur les inégalités multidimensionnelles au Liban.

Trois enquêtes seront déployées et s'appuieront sur des dispositifs de collecte de données divers et complémentaires.

Les études empiriques permettront d'identifier les principales dimensions des inégalités et leurs déterminants. Des politiques ciblées pourront ainsi être proposées afin de réduire les inégalités.